LE KOKIN SHU - Kokin wakashū |
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Mise à jour : 8 août 2022
Enfin une traduction en langue française de l'intégral du Kokin waka shû, grâce à notre Ami Michel Vieillard-Baron (éditions Belles Lettres 2022) :
Le Kokin wakashū ou Kokinshū est un recueil de waka dont la création a été ordonnée par l’empereur Daigo en 905 pour marquer l'importance de la littérature japonaise. Ses compilateurs sont Ki no Tsurayuki, Ki no Tomonori, Ōshikōshi no Mitsune et Mibu no Tadamine.
Cette œuvre est
composée de 1 111 waka, en vingt livres, représentant
un siècle et demi de création poétique. Le Kokin
waka (poésie japonaise)shū est considéré
comme une référence de la poésie. La première
moitié est anonyme. Vient ensuite la génération
des six génies de la poésie (rokkasen) : Ōtomo
Kuronushi, Ono no Komachi, Ariwara no Narihira, Hōshi, Sōjō
Henjō, Bunya no Yasuhide.
Les thèmes:
- les saisons : printemps Livre 1 et 2), été (livre 3), automne (livre 4 et 5), hiver (livre 6)Préfaces importantes : une écrite en chinois par Ki no Yoshimochi et, pour la première fois, une en japonais, écrite par Ki no Tsurayuki.
Ces waka (poésie japonaise) se veulent être un moyen d'expression naturel capable de toucher tous les cœurs de tous les mondes (« La poésie du Yamato a pour racine le cœur humain, et pour feuilles des milliers de mots »).
Une video d'extraits du Kokinshü avec la voix de Nadine Leon ( 2020 )
Liste des poètes choisis comme extraits de cette compilation : tel que numéroté dans le kokin-shu
Abe No Kiyoyuki : 556
Abe no Nakamaro : 406 -
Ariwara no Motokata : 480 -
Ariwara no Muneyana : 243
Ariwara no Narihira : 294 - 365 - 410 - 476 - 618 - 622 - 646 - 747 - 861 - 962 -
Ariwara no Yukihira : 23 - 962
Empereur Koko : 21 -
Fujiwara Nakahira : 748 - 1049
Fujiwara no Kachion : 472 -
Fujiwara no Koremoto : : 860 -
Fujiwara no Okikaze : 103 -
Fujiwara no Tadafusa : 196 -
Fujiwara no Toshiyuki : 559 - 617 -
Fun.ya no Yasuhide : 249 -
Harumichi no Tsuraki : 303 -
Hyôe : 789
Inaba : 808
Ise : 31 - 43 - 44 - 61 - 68 - 138 - 676 – 681 – 733 – 741 – 756 – 780 – 791 - 810 - 920 - 926 - 968 - 990 - 1000 - 1051
Kakinomoto no Hitomaro : 409 -
Kan'In : 740
Ki no Tomonori : 13 - 38 - 84 - 153 - 563 - 565 - 633 - 661 - 684 - 827 -
Ki no Tsurayuki : 9 - 42 - 59 - 116 - 260 - 297 - 380 - 460 - 471 - 475 - 579 - 587 - 589 - 606 - 804 -
Kisen Hôshi : 983 -
Komachi ga Ane (Sœur Aînée de Komachi) : 790
Mibu no Tadamine : 263 478 - 566 - 586 - 601 - 625 -
Miharu no Aritsuke : 853
Minamoto no Masazumi : 12
Nara no Mikado : 90 -
Ôé no Chisato : 193 - 577
Ono no Harukase : 653
Ono No Komachi : 113 - 552 – 553 – 554 – 557 – 623 – 635 – 656 – 657 – 727 – 782 – 797 - 822 - 938 -
Ono No Sadaki : 783 –
Ono no Takamura : 407 -
Ôshikôchi no Mitsune : 41 - 67 - 277 - 329 - 358 - 481 - 580 - 611 - 956 -
Sakano.ue no Korenori : 332 - 325 -
Sôjô Henjô : 292 - 771 - 847 - 1016 -
Sugawara no Michizane : 272 - 420 -
Anonymes : 28 - 54 - 65 - 100 - 123 - 135 - 147 - 174 - 188 - 191 - 200 - 215 - 221 - 224 - 283 - 284 - 287 -
318 - 321 - 334 - 343 - 366 - 469 - 477 - 483 - 484 - 488 - 490 - 491 - 492 - 495 - 521 - 522 - 534 - 535 - 543 -
647 - 650 - 689 - 690 - 708 - 713 - 720 - 761 - 773 - 795 - 855 - 882 - 887 - 892 - 899 - 905 - 933 - 942 - 958 - 981 - 982 -
1058 - 1072 - 1077 - 1093 - 1097 -
Kokinshû : extraits classés par numéros de poèmes
Poèmes 1 à 342
La brume se lève, les bourgeons du printemps germent et la neige tombe : lors même dans les parages sans fleurs des fleurs tourbillonnent Ki no Tsurayuki |
Kasumi tachi ko no me mo haru no yuki fureba hana naki sato mo hana zo chirikeru |
Aux brises de la vallée voici que la glace s'est mise à fondre, par endroits : sont-elles pas, ces ondes jaillissantes, les premières fleurs du printemps ? Minamoto no Masazumi |
Tani-kaze ni tokuru kôri no hima-goto ni uchi-izuru nami ya haru no hatsu-hana |
Je donnerai au vent pour compagne la senteur des fleurs (de prunier) et je les enverrai convier la fauvette Ki no Tomonori |
Hana no ka wo kaze no tayori ni taguete no uguisu sasou shirube ni wa yaru |
C'est pour vous que dans la lande printanière je vais cueillant ces jeunes pousses, cependant que sur mes manches tombent des flocons de neige L'empereur Koko |
Kimi ga tame haru no no ni idete wakana tsumu waga koromode ni yuki ha furitsutsu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Fine est la trame Du vêtement de brume Que porte le printemps : Le vent de la montagne Le froissera sans doute Ariwara no Yukihira |
Haru no kiru Kasumi no koromo Nuki wo usumi Yama kaze ni koso Midaruberanare |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Mille oiseaux gazouillent c'est le printemps bien que tout se renouvelle moi, je vieillis Anonyme |
Momo-chi-dori saezuru haru wa mono-goto ni aratamaredo mo ware zo furi-yuku |
Au printemps la brume se lève alors qu'impassibles vont les oies sauvages... Seraient-elles donc habituées à des parages sans fleurs ? Ise |
Haru-gasumi tatsu wo mi-sutete yuku kari wa hana naki sato ni sumi ya naraeru |
Si ce n'est à vous, à qui l'envoyer, cette fleur de prunier ? et ses nuances et son parfum, les peut sentir qui seul les sent ! Ki no Tomonori |
Kimi narade tare nbi ka misen ume no hana iro wo mo ka wo mo shiru hito zo shiru |
Des nuits de printemps Absurdes sont les ténèbres : Alors que l'éclat Des fleurs de prunier elles masquent, Leur parfum, lui, le cachent-elles ? Ôshikôchi no Mitsune |
Haru no yo no Yami ha ayanashi Mume no hana Iro koso miene Ka ya ha kakururu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
De vous, certes, J'ignore les sentiments Mais dans ce hameau Les fleurs, elles, exhalent bien Le même parfum que jadis ! Ki no Tsurayuki |
Hito ha isa Kokoro mo shirazu Furusato ha Hana zo mukashi no Ka ni nihohikeru |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
A chaque printemps verrai le courant de l'onde transformé en fleurs et d'une eau qui ne se cueille, hélas, mes manches trempées Ise |
Haru-goto ni nagaruru kawa wo hana to mite orarenu mizu ni sode ya nurenan |
D'année en année l'eau se fait miroir des fleurs : ne faudrait-il point l'appeler poudre de brume tout finit par se dissiper ? Ise |
Toshi wo hete hana no kagami to naru mizu wa chiri-kakaru wo ya kumoru to yûran |
En ce bas monde S'il n'y avait aucune Fleur de cerisier Combien paisible on serait Durant les jours de printemps Ariwara no Narihira |
Yo no naka ni Taete sakura no Nakariseba Haru no kokoro ha Nodokekaramashi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Sur les rochers si rapies, pût ce torrent ne point couler ! là-bas, ces fleurs de cerisier, de quelle joie j'en irais cueillir pour ceux-là qui ne peuvent les voir! Anonyme |
Ishi hashiru taki naku mo gana sakura-bana ta-orite mo kon minu hito no tame |
Pouvons-nous nous contenter de raconter ce que nous vîmes que chacun détache un rameau de cerisier à rapporter en souvenir ! Soseï |
Mite nomi ya Hito ni kataran sakura - bana Te - goto ni orite Ie-zuto ni sen |
Pouvons-nous nous contenter de raconter ce que nous vîmes que chacun détache un rameau de cerisier à rapporter en souvenir ! Ki no Tsurayuki |
Sakura-bana sakinikerahi mo ashihiki no yama no kai yori miyuru shira-kumo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Fleurs de cerisiers même lorsque le printemps se trouve allongé pourrait-on s'imaginer qu'un coeur fut lassé de vous ? Ise |
Sakura-bana haru kuwawareru toshi dani mo hito no kokoro ni akare ya wa senu |
Te briser pour t'emporter serait trop grand'pitié vraiment, fleur de cerisier : plutôt, sous tes pétales couché, jusqu'à ta chute t'admirer ! Anonyme |
Ori-toraba oshi-ge ni mo aru ka sakura-bana iza yado karite chiru made wa min |
La personne qui Pour voir les fleurs de cerisier Vient à la maison, Une fois qu'elles seront tombées Sans doute me fera languir Ôshikôchi no Mitsune |
Waga yado no Hana migatera ni Kuru hito ha Chirinamu nochi zo Kohishikarubeki |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Nul ne les regarde, tout au fond de la montagne, cerisiers en fleur... Ah, s'ils pouvaient s'épanouir quand d'autres seront envolés ! Ise |
Miru hito mo naki yama-zato no sakura-bana hoka no chirinan nichi zo sakamashi |
En ce jour de printemps Qui baigne la douce lumière Du ciel éternel Pourquoi les fleurs tombent-elles Le coeur plein d'inquiétude ? Ki no Tomonori |
Hisakata no hikari nodokeki haru no hi ni shidzu kokoro naku hana no chiruramu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Capitale abandonnée, Ô Nara, vielle capitale, capitale quand même : puisque, couleur non changée éternelles, les fleurs fleurissent Nara no Mikado |
Furu-sato to nariishi Nara no miyako ni mo iro wa kawarazu hana wa sakikeri |
Eh bien, aujourd'hui, Dans la montagne printanière Je vais m'enfoncer : Si la nuit tombe, n'aurais-je point Les fleurs pour abri ? Sosei |
Iza kefu ha Haru no yamabe ni Majirinan Kurenaba nage no Hana no kage ka ha |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Je l'attendais, il n'est point venu : à quoi bon, quand le rossignol y chantait, - cette branche fleurie, hélas, l'avoir ainsi brisée ! Anonyme |
Matsu hito mo konu mono yue ni uguisu no nakitsuru hana wo oritekeru kana |
Dans le brouillard que ces montagnes de printemps sont lointaines ! Et pourtant le souffle qui en vient soufflant m'apporte ici l'odeur des fleurs ! Fujiwara no Okikaze |
Kasumi tatsu haru no yama-be wa tôkeredo fuki-kuru kaze wa hana no ka zo suru |
La splendeur des fleurs Est passée, hélas, tandis Qu'en vain j'ai veilli, Pensive, le regard perdu, Dans ces pluies interminables Ono no Komachi |
Hana no iro ha utsurinikeri na itadzura ni wagami yo ni furu nagame seshi ma ni |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Dans la lande du printemps, pour cueillir de jeunes pousses j'étais venu : mais tant de fleurs tombant croisaient leur vol que j'en ai perdu mon chemin ! Ki no Tsurayuki |
Haru no no ni waka-na tsuman to koshi mono wo chiri-kô hana ni michi wa madoinu |
Kerrie, sois discrète et ne fleuris point : pour te voir en fleurs celui-là même qui t'a plantée ce soir encore ne vient pas ! Anonyme |
Yamabuki wa aya na na saki so hana min to ueken kimi ga koyoi konaku ni |
Chez moi, sur l'étang, les souples glycines ont fleuri ; allons, coucou de la montagne, qu'attends-tu pour y venir chanter? Anonyme |
Waga yado no ike no fuji-nami sakinikeri yama-hototogisu itsu ka ki-nakan |
A la quinte lune, coucou, ton chant est usé et même lassant... Que ne nous est-il donné de l'entendre avant son temps ! Ise |
Satsuki koba naki mo furinan hototogisu madashiki hodo no koe wo kikaba ya |
Coucou, des villages où tu chantes, il en est tant et tant que toujours je te trouve distant, sans jamais cesser de t'aimer ! Anonyme |
Hototogisu na ga naku sato no amata areba nao utomarenu omou mono kara |
En cette saison des pluies, je reste à penser mes pensées... Un coucou dans la nuite s'enfonce et crie : Coucou, dis-moi, où t'en vas-tu ? Ki no Tomonori |
Samidare ni mono-omoi oreba hototogisu yo-bukaku nakite izuchi yukaran |
Au royaume du soleil, toi, de la Rivière du ciel passeur, écoute, quand mon amant aura passé, je t'en supplier, cache ta rame! Anonyme |
Hisakata no ama no kamara no watashi-mori kimi watarinaba kaji kakushite yo |
Le lit de ma solitude n'est point de brins d'herbes fait : pourtant, la nuit où s'annonce l'automne, il est de rosée tout humide ! Anonyme |
Hitori nuru toko wa kusa-ba ni aranedo no aki kuru yoi wa tsuyukekarikeri |
Hautes dans la blancheur des nuages, aile sur aile, s'en vont les oies sauvages : et je les uis même compter, cette nuit d'automne, sous la lune ! Anonyme |
Shira-kumo ni hane uchi-kawashi tobu kari no kazu sae miyuru aki no yo no tsuki |
Quand je vois la lune Ce sont mille et mille pensées Tristes qui m'assaillent ; Je sais pourtant que l'automne N'est pas là pour moi tout seul Ôe no Chisato |
Tsuki mireba Chidji ni mono koso Kanashikere Wagami hitotsu no Aki ni ha aranedo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Grillon, cesse de te plaindre de la sorte : à l'image de la nuit d'automne s'il est des angoisses sans fin, avant toi je les connais ! Fujiwara no Tadafusa |
Kirigirisu itaku na naki so aki no yo no nagaki omoi wa ware zo masareru |
Est-ce après vous qu'elle soupire, la fougère qui rend désolé notre vieux village ; - après vous qu'il crie, le grillon qui vous espère à voix si triste ! Anonyme |
Kimi shinobu kusa ni yatsururu furu-sato wa matsumushi no ne zo kanashikarikeru |
Dans la montagne profonde, Le cerf qui brame, écarte et foule les feuilles rougies : Lorsque j'entends sa plainte Que l'automne me semble triste ! Anonyme |
Oku yama ni momidji fumiwake naku shika no kowe kiku toki aki ha kanashiki |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Sont-ce des larmes versées Par les oies sauvages qui passent en criant Cette rosée sur les lespédèzes De la demeure où je languis ? Anonyme |
Naki wataru Kaki no namida ya Ochitsuramu Mono omofu yado no Hagi no uhe no tsuyu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Dans la petite lande Les fleurs de lespédèze sont Sans doute tombées ; Dût la rosée me mouiller, j'y vais, Même si la nuit est déjà noire ! Anonyme |
Hagi ga hana Chiruramu womo no Tsuyu shimo ni Nurete wo yukan Sayo ha fukutomo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Les fleurs de la lande d'automne ont-elles des manches ? car les linaigrettes aux épis avenants semblent engager à la rencontre Ariwara no Muneyana |
Aki no no kusa no tamoto ka hana-susuki ho ni idete maneku sode to miyuran |
A peine souffle-t-il, Herbes et arbres d'automne Tous se dessèchent : Voilà donc pourquoi l'on nomme "Tourmente" le vent des monts Fun.ya no Yasuhide |
Fuku kara ni Aki no kusa ki no Shihorureba Mube yama kaze wo Arashi to ifuramu |
Sur le mont Moru Rosée blanche et ondées Péntrent à tel point Que toutes les feuilles, même les plus basses Sont à présent colorées ! Ki no Tsurayuki |
Shira tsuyu mo Shigure mo itaku Moru yama ha Shitaba nokorazu Irodzukinikeri |
Il pleut ; c'est pourquoi du Mont de Kasatori les feuillages pourpres sur la manche des passants mettent des reflets Mibu no Tadamine |
Ame fureba kasatoriyama no momiji-ba wa yuki-kô hito no sode sae zo teru |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Ces chysanthèmes blancs Sur la plage de Fukiage Où se lève le vent d'automne, Sont-ce vraiment des fleurs ou Des vagues qui s'approchent ? Sugawara no Michizane |
Aki kaze no Fukiage ni tateru Shiragiku ha Hana ka aranu ka Nami no yosuru ka |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Si l'on veut en cueillir A tâton nous le ferons : La prime gelée S'est posée ; avec elle se confondent Les fleurs des chrysanthèmes blancs Ôshikôchi no Mitsune |
Kokoro-ate ni oraba ya oran hatsu-shimo no oki-madowaseru shira-giku no hana |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Rivière Tatsuta dont le cours semble charrier un tourbillon de feuilles pourpres si ont la franchit, déchira - t- on par le milieu ce brocart ? Anonyme |
Tatsutagawa momiji midarete nagarumeri wataraba nishiki naka ya taenan |
La rivière Tatsuta Charrie des feuilles rougies : C'est sans doute que Sur les monts Mimuro où vivent les dieux S'abattent les ondées d'automne Anonyme |
Tatsutagaha Momidjiba nagaru Kamunabi no Mimuro no yama ni Shigure fururashi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
L'automne est bien là Et les feuilles rougies tombées Couvrent mon jardin ; Personne ne me rend visite En sy frayant un chemin Anonyme |
Aki ha kinu Momidji ha yado ni Furishikinu Michi fumi wakete Tofu hito ha nashi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Le misérable a choisi pour s'abriter un dernier arbre : mais le privant d'une dernière ombre les feuilles jaunies sont tombées ! Sôjô Henjô |
Wabi-bito no wakite tachi-yoru ko no moto wa tanomu kage naku momiji chirikeri |
Fait inouï même Au temps fabuleux des dieux : La rivière Tatsuta Teinte ses eaux de motifs D'un écarlate profond Ariwara no Narihira |
Chihayaburu Kamiyo mo kikazu Tatsuta-gaha Karakurenawi ni Midzu kukuru toha |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Les feuillages rougis Tombés dans la montagne profonde Ignorés de tous Sont un somptueux brocart Que l'on porterait la nuit Ki no Tsuruayuki |
Miru hito mo Nakute chirinuru Oku yama no Momidji ha yoru no Nishiki narikeri |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Le barrage que Sur la rivière de montagne Le vent a dressé Est fait de feuilles rougies Que le courant n'a pu charrier ! Harumichi no Tsuraki |
Yamagaha ni Kaze no kaketaru Shigarami ha Nagare mo ahenu Momidji narikeri |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Que tombe sans cesse A partir de maintenant Cette neige blanche Qui de son poids fait ployer Les miscanthes de mon jardin ! Anonyme |
Ima yori ha Tsugite furanamu Waga yado no Susuki Woshinami Fureru shirayuki |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
L'antique cité Se trouve à proximité Des monts de Yoshino : Aussi, pas un jour ne passe Sans que tombe la neige Anonyme |
Furusato ha Yoshino no yama shi Chikakereba Hito hi mo miyuki Furanu hi ha nashi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
La neige immaculée Sur les monts du beau Yoshino Doit s'accumuler : Dans l'antique capitale Le froid s'est fait plus perçant Sakano.ue no Korenori |
Mi-Yoshino no Yama no shira yuki Tsumoru rashi Furusato samuku Narimasaru nari |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
La neige tombe, et personne ne passe sur le chemin : suis-je pas ce chemin sans traces, moi qui m'enfonce en ma tristesse? Ôshikôchi no Mitsune |
Yuki furite hito mo kayowanu michi nare ya ato-haka mo naku omoi-kiyuran |
Dans le jour naissant Semble luire la lune de l'aube Tant il est tombé De neige immaculée sur Cet hameau de Yoshino Sakanoe no Korenori |
Asaborake ariake no tsuki to miru made ni Yoshino no sato ni fureru shirayuki |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Les fleurs de prunier, On ne peut les distinguer, Car partout tombe Une neige dont les flocons Brouillent le ciel immense Anonyme |
Mume no hana Sore tomo miezu Hisakata no Amagiru yuki no Nabete furereba |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Vous que j'aime, puissiez-vous mille, huit mille années durer ; - ou mieux jusqu'à ce que les graviers se fassent rochers ; - ou mieux, jusqu'à ce que sur ces rochers la mousse croisse ! Anonyme |
Waga kimi wa chi-yo ni yachi-yo ni sazare-ishi no iwao to narite koke no musu made |
Hautes sont les cimes, Et vers les nués je vois Les fleurs de cerisier : Pas un jour ne s'écoule Sans qu'en pensée j'aille en cueillir Ôshikôchi no Mitsune mais attribué à Sosei dans l'anthologie |
Waga kimi wa chi-yo ni yachi-yo ni sazare-ishi no iwao to narite koke no musu made |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Si à mon départ Vous me dites : "Je vous attends" Tel le pin qui pousse Au sommet du mont Inaba Tout de suite je reviendrai Ariwara no Yukihira |
Tachi wakare Inaba no yama no Mine ni ofuru Matsu to shi kikaba Ima kaheri komu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Au bourdonnement des frelons d'automne sur le sainfoin de la plaine dans le matin vous partez pour ce voyage : moi, je vous attends ne pensant qu'à votre retour ! Anonyme |
Sugaru naku aki no hagi-wara asa tachite tabi uku hito wo itsu to ka matan |
Si la vie était Chose que le coeur pouvait à Son gré gouverner Notre séparation Serait-elle si triste ? Ki no Tsurayuki |
Shira kumo no Yahe ni kasanaru Wochi nite mo Omohamu hito ni Kokoro hedatsu na |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Si la vie était Chose que le coeur pouvait à Son gré gouverner Notre séparation Serait-elle si triste ? Shirome, courtisane |
Sugaru naku aki no hagi-wara asa tachite tabi uku hito wo itsu to ka matan |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Elevant les yeux J'observe la plaine céleste : Ah ! Cette lune ! C'est elle qui à Kasuga Brillait sur le mont Mikasa... Abe no Nakamaro |
Ama no hara Furisake mireba Kasuga naru Mikasa no yama ni Ideshi tsuki kamo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Que dans la plaine marine Vers les îles innombrables Je m'en vais voguant Va donc le lui transmettre Ô toi, barque du pêcheur ! Ono no Takamura |
Wata no hara yaso shima kakete kogi idenu to Hito ni ha tsugeyo Ama no tsuribune |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Pointe à peine le jour Et dans la brume de l'aube Sur la baie d'Akashi Le bateau qu'une île va cacher Profondément me touche Kakinomoto no Hitomaro |
Honobono to Akashi no ura no asagiri ni shimagakure yuku fune wo shizo omofu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Comme un beau vêtement auquel on s'est attaché en le portant j'ai une femme dans ce voyage qui m'a amené si loin je pense à elle avec regrêts Ariwara no Nahihira |
Kara-goromo ki-tsutsu narenishi tsuma shi areba haru-baru kinuru tabi wo shi zo omou |
Pour cette fois Que les dieux veuillent bien agréer En guise de don Sur le mont aux offrandes Un brocart de feuilles rougies Sugawara no Michizane |
Kono tabi ha Nusa mo toriahezu Tamuke yama Momidji no nishiki Kami no mani mani |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
On dirait des fleurs ces vagues venues du large s'égayer vers nous à Karasaki. Le printemps dessus les flots n'est-il donc que vent éclos ? Ise |
Nami no hana oki kara sakite chiri-kumeri mizu no haru to wa kase ya naruran |
A des baies noires jusqu'ici pareils mes cheveux auraient-ils changé de couleur ? Voici qu'au reflet du miroir est tombée la neige blanche Ki no Tsurayuki |
Uba-tama no xwaga kuro-kami ya kawaruran kagami no kage ni fureru shira-yuki |
Chant triste
du coucou, Iris du début d'été, sans savoir pourquoi me voici amoureux. Anonyme |
hototogisu
naku ya satsuki no ayamegusa aya-me mo shiranu koi mo suru kana |
Aussi vite que Les eaux de la Yoshino Vont se brisant en Hautes vagues sur les roches, Je me suis épris d'elle Ki no Tsurayuki |
Yoshinogaha Ihanami takaku Yuku midzu no Hayaku zo hito wo Omohi somete shi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Là-bas
où se perd l'écume des vagues, le navire, lui au moins, va selon le vent qui le guide. Fujiwara no Kachion |
Shira-nami no
ato naki kata ni yuku fune mo kaze zo tayori no shirube narikeru |
Ah ! Notre monde
est fait ainsi, comme le vent qui souffle mes yeux ne vous voient pas. De vous je languis Ki no Tsurayuki |
Yo no naka wa
kaku koso arikere fuku kaze no me ni minu hito mo koishikarikeri |
Je l'ai bien aperçue,
mais je ne l'ai pas vue mon aimée, aussi aujourd'hui sans but ai-je vécu, perdu dans mes pensées. Ariwara no Narihira |
Mizu mo arazu
mi mo senu hito no koisikuba aya naku kyô ya nagame-kurasan |
Me voir ou ne pas me voir,
n'est-ce pas sans raison s'interroger ? Votre sentiment seul sera votre guide. Anonyme |
Shiru shiranu
nani ka aya naku wakite iwan omoi nomi koso shirube narikere |
Par la plaine Kasuga, emmi la neige fondue naissant, un brin d'herbe : à peine, ainsi, vous ai-je entrevue, ce matin ! Mifu no Tadamine |
Kasugano no yuki-ma wo wakete oi-de-kuru kusa no hatsuka ni mieshi kimi wamo |
Mes sentiments, certes,
ne sont pas des messagers, pourtant, comme c'est merveilleux, ils ont conduit mon cœur auprès de vous. Ariwara no Motokata |
Tayori ni mo
aranu omoi no ayashiki wa kokoro wo hito ni tsukuru narikeri |
La première oie sauvage, j'ai faiblement perçu son cri : et depuis, il n'est que le ciel vers quoi puisse s'en aller mon désir ! Ôshikôchi no Mitsune |
Hatsu-kari no hatsuka ni koe wo kikishi yori naka-zora ni nomi mono omou kana |
Ce fils ici, à Celui-là je le tresse : Si je ne les assemble Que pourrai-je utiliser Comme cordon pour mon joyau ? Anonyme |
Kata ito wo Konata kanata ni Yorikakete Ahazu ha nani wo Tama no wo ni semu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Au crépuscule Vers les confins des nuages Vont mes pensers, Car il vit au firmament Celui qu'en mon coeur j'aime Anonyme |
Yufugure ha Kumo no hatate ni Mono zo omofu Amatsu sora naru Hito wo kofu tote |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Mon amour pour vous N'a comblé, semble-t-il, que Le vide du ciel : J'ai beau y penser encore Cela ne mène nulle part Anonyme |
Waga kohi ha Munashiki sora ni Michinurashi Omohi yaredomo Yuku kata mo nashi |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Aussi persistant Que les aiguilles du pin sur La colline baignée Par l'éclat de la lune du soir Est l'amour que je ressens Anonyme |
Yufudzuku yo Sasu ya wokabe no Matsu no ha no Itsu tomo wakanu Koshi mo suru kana |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Comme l'eau
en bas de la montagne couverte par les arbres, mon cœur bat violemment et n'arrive plus à se calmer. Anonyme |
Ashihiki no
yama-shita-mizu no ko-gakurete tagitsu kokoro wo seki zo kanetsuru |
Rivière de Yoshino : coupant à travers les rocs l'eau coule à grand bruit : de bruit je n'en ferai point, dussé-je mourir d'amour Anonyme |
Yoshinogawa iwa kiri-tôshi yuku mizu no oto ni wa tateji koi wa shinu to mo |
Quand je pense à vous, - Discrète Azalée des roches du mont Tokiwa - , A qui je ne dis mon amour, Oh ! Combien vous me manquez ! Anonyme |
Omohi idzuru Tokiha no yama no Ihatsutsuji Ihaneba koso are Kohishiki mono wo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Vous qui laissez mon amour sans réponse, sachez que l'écho même de la montagne a répondu aux soupirs que je sanglote ! Anonyme |
Tsure mo naki hito wo kou to te yamabiko no kotae suru made nagekitsuru kana |
Sur l'eau qui fuit écrire est vain ; mais combien plus vain d'offrir à qui ne vous aime son amour inquiet ! Anonyme |
Yuku mizu ni kazu kaku yori mo hakanaki wa omowanu hito wo omou narikeri |
Sans que nul le sache j'entretiens sans cesse de brûlants pensers ; du pays de Sugura le Mont Fuji : voilà mon destin Anonyme |
Hito shirenu omoch wo tsune ni Suruga naru Fufi no yama koso waga mi narikere |
Nul chant d'oiseau ne s'y fait entendre profonde est la montagne ainsi le fond de mon coeur Ah ! s'il le pouvait connaître ! Anonyme |
Tobu tori no koe mo kikoenu oku-yama no fukaki kokoro wo hito wa shiranan |
Depuis l'aube, comme la cigale, sans cesse, je passe le jour à pleurer ; et la nuit, comme la luciole, c'est à brûler que je a veille ! Anonyme |
Ake-tateba semi no ori-hae naki-kurashi yoru wa hotaru no moe koso watare |
Dans les champs d'automne les épis sont moins discrets que mon amour mais celle qui est dans mon coeur jamais ne peux l'oublier Anonyme |
Aki no ta no ho ni koso hito wo koizarame nado ka kokoro ni wasureshi mo sen |
Je pensais tant à lui, sans doute, qu'en mon sommeil son image m'est apparue : si j'avais su que c'était un rêve, jamais ne ne me fusse réveillée ! Ono No Komachi |
Omoi-tsutsu nureba ya hito no mietsuran yume to shiriseba samezaramashi wo |
Tout en languissant
je me suis endormie. Mon aimé est alors apparu. S'agissait-il d'un rêve ? Puissé-je ne pas être éveillée ! Ono No Komachi |
omohitsutsu
nureba ya hito no mietsuran yume to shiriseba samezaramashi wo |
Las, tant me torturent
les cruautés du désir que de la nuit d'encre m'en vais retourner la robe et vitement la passer Ono No Komachi |
Ito semete koishiki toki wa uba-tama no yono no koromo wo kaeshite zeo kiru |
Vent d'automne,
comme il fait froid dans nos corps, j'attends que vienne celle qui m'ignore, tout au long des nuits. Moine Sosei |
Aki kaze
mi ni samukereba tsure mo naki hito wo zo tanomu kururu yo-goto ni |
Même recouvertes
de ma manche coulent coulent les perles brillantes - l'absence d'un être cher fait jaillir un flot de larmes Abe No Kiyoyuki |
tsutsumedomo
sode ni tamarunu Shiratama ha hito wo minu me no namida narikeri |
Elles sont bien ordinaires
ces larmes sur votre manche pareilles à des bijoux, Alors que moi, tel un torrent agité, rien ne peut me clamer Ono No Komachi |
oroka naru
namida zo sode ni tama ha nasu ware ha sekiahezu tagitsuse nareba |
Les vagues s'approchent De la baie de Sumiyoshi - Même la nuit Sur le chemin des rêves Craignez-vous donc d'être vue ? Fujiwara no Toshiuyki |
Sumiyoshi no Kishi ni yoru nami Yoru sahe ya Yume no kayohidji Hito me yokuramu |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Alors que je dors
seule,
mes manches sont bien plus froides que le givre posé sur les feuilles de bambou. Ki no Tomonori |
Sasa no ha ni
oku shimo yori mo hitori nuru wa ga koromode zo sae-masarikeru |
Tout au fond de la rivière, les algues se font ployant, et se cachent : ainsi, à son insu, à part moi, je l'aime! Ki no Tomonori |
Kawa no se ni nabiku tama-mo no mi-gakurete hito ni shirarenu koi mo suru kana |
Le ciel s'assombrit.
La neige qui tombe, elle aussi, peut-elle faire disparaître cette heure tourmentée ? Mifu no Tadamine |
Kaki-kurashi
furu shira-yuki no shita-gie ni kiete mono-omou koro ni mo aru kana |
J'ai tant crié, tant pleuré, que les pleurs m'ont toute mouillée : - à la pluie de printemps, j'ai, voyez, mouillé mes deux manches! répondrai-je si l'on m'interroge Ôé no Chisato |
Ne ni nakite hijinishikado mo haru-same ni nurenishi sode to towaba kotaen |
Montagne en début
d'été,
le coucou au sommet des arbres chante dans le ciel comme le fait mon amour. Ki no Tsurayuki |
Satsuki yama
kozuwe wo takami hototogisu naku ne sora naru kohi mo suru ka na |
Mon cœur
est comme le ciel couvert du brouillard d'automne qui ne se lève jamais. Je ne puis penser. Ôshikôchi no Mitsune |
Akigiri no
haruru toki naki kokoro ni wa tachi-i no sora mo omohoenaku ni |
Dans le vent d'automne, le koto dont on joue... Mais à cette seule voix, sans raison, pourquoi de la sorte brûler d'amour ? Mifu no Tadamine |
Aki-kaze ni kaki-nasu koto no koe ni sae hakanaku hito no koishikaruran |
Voici la moisson du
riz sauvage
dans les marais de Yodo. Après la pluie, plus que d'habitude, déborde mon amour. Ki no Tsurayuki |
Makomo karu
yodo no sawa-mizu ame fureba tsune yori koto ni masaru waga koi |
Goutte de rosée, - à peine ai-je sur une corolle posé mon coeur, qu'au moindre souffle du vent déjà je souffre ! Ki no Tsurayuki |
Tsuyu narunu kokoro wo hana ni oki-somete kaze fuku goto ni mono-omoi zo tsuku |
Lorsque le vent souffle,
les nuages blancs s'éloignent des sommets. Ne sont-ils pas aussi froids que votre cœur ? Mifu no Tadamine |
Kaze fukeba
mine ni wakaruru shira-kumo no taete tsurenaki kimi ga kokoro ka |
Vous ne savez pas
quels sont mes sentiments. Que je suis misérable moi, qui seul connais mon chagrin ! Ki no Tsurayuki |
Hito shirenu
omoi nomi koso wabishikere waga nageki wo ba ware nomi zo shiru |
De cet amour mien J'ignore le devenir et Ce que sera l'issue - Pour lors, je n'aspre qu'à Pouvoir enfin la rencontrer ! Ôshikôchi no Mitsune |
Waga kohi na Yukuwe mo shirazu Hate mo nashi Afu wo kagiri to Omofu bakari so |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Quel tourment !
La rivière de larmes plus forte que la pluie à elle seule mouille ma manche et je ne sais comment aller à votre rencontre Fujiwara no Toshiyuki |
Tsurezure no
nagame ni masuru namida gawa sode nomi nurete au yoshi mo nashi |
En surface seulement
votre manche est-elle mouillée ? Si j'entendais votre corps s'écouler dans une rivière de larmes, alors je pourrais vous faire confiance. Ariwara no Narihira |
Asami koso
sode wa hisurame namida-gawa mi sae nagaru to kikaba tanoman |
Rentré cette nuit sans vous voir Les larmes ont trempé ma manche Plus encore que la rosée du matin Où je m'en retournais, écartant Les bambous nains dans la lande d'automne Ariwara no Narihira |
Aki no no ni Sasa wakeshi asa no Sode yori mo Ahade koshi yo zo Hichimasarikeru |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Rive privée d'algues,
ainsi est mon cœur aride : ne le sait-il pas, le pêcheur qui sans relâche arpente à douleur la grève ? Ono No Komachi |
Mirume naki waga mi wo ura to shirtaneba ya karenade ama no ashi tayuku kuru |
Autant que la lune de l'aube, elle me fut froide : et depuis que je l'ai quittée, l'aube est la chose au monde que mes yeux sachent de plus triste ! Mibu no Tadamine |
Ariake no tsurenaku mieshi wakare yori akatsuki bakari uki mono ha nashi |
Je souffre en silence
car je languis de vous. depuis le pied de la montagne comme la lune je sors et je viens Ki no Tsurayuki |
Shinoburedo
koishiki toki wa ashihiki no yama yori tsuki no idete koso kure |
Aux nuits de l'automne
on prête un renom trompeur mais un doux commerce dissipe à néant ce dire car trop tôt l'aurore est là Ono No Komachi |
Aki no yo mo na nomi narikeri au to ieba koto zo to mo naku akenuru mono wo |
Au fond noir des ténèbres de l'amour je me suis perdu : rêve ou vérité dites-le, mortels, si vous le pouvez ! Ariwara no Narihira |
Kaki-kurasu kokoro no yami ni madoiniki yume utsutsu to wa yo-hito sadame yo |
Notre union furtive Dans l'obscurité noir myrtiklle Ne surpassait guère Ces rencontres qu'en rêve Si clairement j'avais vues Anonyme |
Mubatama no Yami no utsutsu ha Sadakanaru Yume ni ikuramo Masarazarikeri |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Pensiez-vous donc Lors de notre première rencontre : "Que ferons-nous quand Dans le gué du Renom acquis Les troncs enfouis apparaîtront ?" Anonyme |
Natorigaha Seze no mumoregi Arahareba Ikani semu toka Ahi misomeken |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Si comme un épi de linaigrette au grand jour étalais mon coeur mon nom en serait défait autant que robe délié Ono no Harukase |
hana-susuki ho ni idete koiba na wo oshimi shita yuu himo no musuboore-tsutsu |
Qu'en réalité
il dût en être ainsi, soit ; mais jusques en rêve se dérober aux regards, ah, que cela me chagrine ! Ono No Komachi |
Utsutsu ni wa sa mo koso arame yume ni sae hito-me wo moru to miru ga wabishisa |
Guidée par l'ardeur
constante de cette flamme à la nuit j'irai jusque sur la voie des rêves - qui pourrait m'en chercher noise ? Ono No Komachi |
Kagiri naki omoi no mama ni yoru mo kon yume-ji wo sae ni hito wa togameji |
Sur la voie des rêves
sans me donner de répit j'ai bien cheminé mais un seul instant réel n'a duré notre entrevue Ono No Komachi |
Yume-ji ni wa ashi mo yasumezu kayoedo mo utsutsu ni hito-me mishi goto wa arazu |
Comme je ne veux
pas
laisser paraître les rougeurs de ma passion, en bas du marais caché, je vais et viens, alors que je meurs d'amour. Ki no Tomonori |
Kurenai no
iro ni wa ideji kakure-nu no shita ni kayoite koi wa shinu to mo |
Indiscret on le dit :
de chevet m'étais passée pour me reposer - mais poudre aux cieux la rumeur montera n'en doutons pas Ise |
Shiru to ieba makura dani sede neshi mono wo chiri naranu a no sora ni tatsuran |
Ne fût-ce qu'en songe
à sa vue ne veux paraître car d'aurore en aurore au reflet de mon visage la honte vient me confondre Ise |
Yume ni damo miyu to wa mieji asan-asana waga omokage ni hazuru mi nareba |
Je contemple sans
lassitude
les fleurs de cerisier des montagnes perdues dans le brouillard du printemps. Ne ferais-je pas de même pour vous ? Ki no Tomonori |
Haru-gasumi
tanabiku yama no sakura bana miredo mo akanu kimi ni mo aru kana |
Seule sur la natte Sa robe pour couverture M'attendra-t-elle donc Encore en cette nuit La dame du pont d'Uji ? Anonyme |
Samushiro ni Koromo katashiki Koyohi mo ya Ware wo matsuran Udji no hashi hime |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Je me disais : viendra-t-il vers moi, ou irai-je, moi, le retrouver ? Et si j'étais incertaine que, ma porte, je me suis couchée sans la fermer ! Anonyme |
Kimi ya kon ware ya yukan no isayoi ni maki no ita-do mo sasazu nenikeri |
- Je viens ! avait-elle dit. Et c'est pour cette seule parole qu'en ce mois aux Longues Nuits, jusqu'à la lune de l'aube je l'ai vainement attendue ! Sosei Hôshi |
Ima komu to Ihshi bakari ni nagatsuki no ariake no tsuki wo machi-idetsuru kana |
(Recueil des
joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et
présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres,
Paris, 978-2-251-7225-2) |
Le pêcheur de Suma grille son sel : et la fumée au vent violent dans un sens inattendu s'en est allée traînant ! Anonyme |
Suma no ama no shio yaku keburi kaze wo itami omowanu kata ni tanabikinikeri |
J'ai beau me dire que c'est mensonge à qui d'autre désormais pourrais-je accorder créance Anonyme |
Itsuwari to omou mono kara ima-sara ni ta ga makoto wo ka ware wa tanoman |
Si la rivière Asuka qui sans cesse coule arrêtait sa course ne penserai-on pas qu'elle cache un haut fond (kokoro) ? Anonyme |
Taezu yuku Asuka no kawa no Yodominaba kokoro ari to ya hito no omowan |
Les pêcheurs qui vivent
en ce lieu certes pour guide ne me reconnaissent mais contemplant le rivage d'aucuns parlent de rancœur Ono No Komachi |
Ama no sumu sato no shitrube ni aranedo mo ura min to nomi hito no yûran |
Mon cœur, au
début sans passion,
s'est empli de mon aimée. Elle qui doutait que mon sentiment puisse s'éveiller. Ki no Tsurayuki |
Iro mo naki
kokoro wo hito ni someshi yori utsurowan to wa omohenaku ni |
Des dieux de la mer
l'ire a dévasté ma couche : une fois encore si l'effleurait cette manche brève écume deviendrait Ise |
Watatsumi no arenishi toko wo ima-sara ni harawaba sode ya awa to ukinan |
Au mont des Rencontres
si j'étais coq-aux-torsades, s'en aille ou revienne mon Seigneur, à cette vue chant et pleurs lors s'uniraient Kan'In |
Ôsaka no Yûtsukedori ni araba koso kimi ga yuki-ki wo naku-naku mo mime |
Suranné vestige
assurément ne peut être - or à mon endroit certain dépolit son cœur au rugueux des ans, me semble Ise |
Furu-sato ni arun mono kara waga tame ni hito no kokoro no arete miyuran |
Oui, c'est bien la même lune et ce printemps est bien de jadis le printemps : mais en moi il n'st plus que le corps qui soit encore le corps d'antan... Ariwara no Narihira |
Tsuki ya aranu haru ya mukashi no aru naranu waga mi hitotsu wa moto no mi ni shite |
Fleur de linaigrette avec moi profondément liée en confliance - maintenant l'épi mûri s'est attaché à un autre Fujiwara no Nakahira |
Hana-susuki ware koso shita ni omoishi ka ho ni dete hito ni musubarenikeri |
Souvent je vous ai rencontré,
et en ce moment d'inquiétude, sur ma manche la lune, elle aussi, pose son visage humide. Ise |
ahini ahite
mono omohu koro no wa ga sode ni yadoru tsuki sahe nururu kao naru |
Au point du jour, coups de bec des bécassines sur leurs plumes : coups de bec par centaines... Et la nuit où vous n'êtes pas venu c'est autant de fois que je gémis ! Anonyme |
Akatsuki no shigi no hane-gaki momo-hagaki kimi ga konu yo wa ware zo kazu kaku |
« Je reviens tout de suite »
disiez-vous en partant. Depuis ce matin-là, perdu dans mon amour on n'entend que le son de mes pleurs. Moine Henjô |
Ima kon to
Lite wakareshi ashita yori omoi-kurashi no ne wo nomi zo naku |
Je pensais : - il ne viendra plus ! Et j'étais triste : mais voici qu'une araignée à mon vêtement suspendue me dit : - Va, espère encore ! Anonyme |
Ima shi wa to wabinishi mono wo sasagani no koromo ni kakari ware wo tanomuru |
Sur le mont Miwa
Combien je vais attendre Quand je songe que Les années auront beau passer Nul ne viendra ici me voir Ise |
Miwa no yama ikani machimimu toshi futomo tadzunuru hito mo araji to omoheba |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Ainsi c'en est fait -
mon corps aux ondées d'automne tant s'est défraîchi que vos mots, feuilles flétries, ailleurs se sont dispersés Ono No Komachi |
ima ha tote waga mi shigure ni furinureba koto no ha sahe ni utsurohinikeri |
D'amour tant épris
si mon cœur se défeuillait comme font les arbres au gré de tous les vents certes se disperserait partout Ono No Sadaki |
Hito wo omou kokoro ko no ha ni araba koso kaze no mani-mani chiri mo midareme |
Des monts de la Mort
n'ai vu que les contreforts et suis revenue, car avant l'homme au cœur froid ne voulais point les franchir Hyôe |
Shide no yama fumoto wo mite zo kaerinishi tsuraki hito yori mazu koeji to te |
La fleur est passée
et les roseaux nains des champs flétris, désunis, ainsi que mon cœur grainé longtemps vont se consumer Komachi ga Ane (soeur aînée de Ono no Komachi |
Toki sugite kare-yuku ono no asaji ni wa ima wa omoi zo taezu moekeru |
Brûlis de l'hiver
en friche m'ont consumée : las, si seulement de ces cendres-là germaient l'espoir d'un autre printemps ! Ise |
Fuyu-gare nbo no-be to waga mi wo omoi-seba moete mo haru wo matamashi mono wo |
Le cœur des hommes
de ce monde est bien semblable à la teinte des fleurs dont les coloris aisément se fanent. Anonyme |
yo no naka no
hito no kokoro ha hanazome no utsurohiyasuki iro ni zo arikeru |
On n'en voit la couleur Que déjà elle se fane La fleur de l'amour Celle qui en ce bas monde Eclot dans le coeur de l'homme Ono No Komachi |
Iro miede utsurofu mono ha yo no naka no hito no kokoro no hana ni zo arikeru |
(Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Les premières
oies sauvages
crient sur leur passage en traversant le monde alors que le cœur des hommes souffre de lassitude. Ki no Tsurayuki |
Hatsukari no
naki koso watare yo no naka no hito no kokoro no aki shi ukereba |
De son abandon
qui tant et tant me chagrine j'ai noué la trame mais innocents se dénouent sous mon brocart les cordons Inaba |
Ai-minu mo uki mo waga mi no kara-goromo omoi-shirazu mo tokuru himo kana |
Las, que ne l'a-t-il
quitté à l'insu de tous ! Lors même accablée eussé-je pu dire au moins « ce n'est que vaine rumeur » Ise |
Hito shirezu Taenamashikaba wabi-tsutsu mo naki na zo to dani iwamashi mono wo |
Livrée à froideur
comme épi au vent d'autome ah, quel triste sort ! Pauvre de moi dont nul fruit ne sera plus à attendre Ono No Komachi |
Aki-kaze ni au tanomi koso kanashikere waga mi munashiku narinu to omoeba |
Tristement sur l'eau l'écume disparaît : ainsi puissé-je me perdre : qu'importe une longue vie dans le courant à qui n'espère plus d'appui ! Ki no Tomonori |
Uki nagara kenuru awa to mo narinanan nagarete to dani tanomarenu mi wa |
Poèmes 829 à 862
Il paraît qu'à la Cour Tout le monde porte de nouveau Des tenues colorées ; Oh ! Toi, ma manche cousue Fais au moins l'effort de séchet ! Henjô |
Mina hito ha Hana no koromo ni Narinunari Koke no tamoto yo Kahaki dani seyo |
Dans les touffes de mscanthe que vous aviez plantées nombreux cris d'insectes votre jardin s'est mué en une lande livrée aux herbes Miharu no Aritsuke |
Kimi ga ueshi hito-mura susuki mushi no ne no shigeki no-be to mo narinikeru kana |
Vers lui qui n'est plus, là-bas s'il est vrai que tu ailles, coucou, dis-lui que, fidèle, je crie vers lui, et que sans fin je ne fais que pleurer Anonyme |
Nakui hito no yado ni kayowaba hototogisu kakete ne ni nomi naku to tsugenan |
La rosée moi qui la pensais chose éphémère : et voici que mon corps sur l'herbe est chose aussi posée à peine ! Fujiwara no Koremoto |
Tsuyu wo nado ada naru mono to omoiken waga mi mo kusa ni okanu bakari wo |
Qu'à la fin c'est le chemin qu'il faille aller je le savais : mais que ce fût pour hier - pour aujourd'hui non cela je ne le pensais pas ! Ariwara no Narihra |
Tsui ni yuku michi to wa kanete kikishikado kinô kyô to wa omowazarishi wo |
C'est la Rivière du Ciel dont le courant fait de nuages est si rapide que sans laisser reposer sa lumière la lune coule ! Anonyme |
Ama no gawa kumo no mio nite hayakereba hikari todomezu tsuki zo nagaruru |
L'eau qui jadis à Nonaka jaillissait vive s'est faite tiède : mais la source a son vieux coeur et qui le connaît y puise encore ! Anonyme |
Inishie no Nonaka no shimizu nurukeredo moto no kokoro wo shiru hito zo kumu |
A Ôraki dans la forêt l'herbe d'en dessous : vieillie qu'elle est le poulain s'en écarte la coupeuse d'herbe la dédaigne ! Anonyme |
Ôaraki no mori no shita-kusa oinureba koma mo susamezu karu hito mo nashi |
Mont du Miroir allons ! approchons ! que je voie si au fil des ans j'ai atteint la vieillesse Anonyme |
Kagamiyama iza tachi-yorite mite yukan toshi henuru mi wa oi ya shinuru to |
Depuis que je t'ai vu pour la première fois quand si longtemps s'est écoulé pin de Suminoe sur cette plage et sur toi-même combien d'années auront passé ! Anonyme |
Ware mite mo hisashiku nariru Suminoe no kishi no hime-matsu iku-yo henuran |
Si le Souverain était ce bateau qu'on voit voguer sur l'étang, ah ! que j'aimerai lui dire : "Voici votre port d'attache". Ise |
Mizu no ue ni ukaberu fune no kimi naraba koko zo tomari to iwamashi mono wo |
Ils s'en sont allés ceux qui ne portaient habittaillé ni cousu : déesse de la montagne, pourquoi blanchir cette toie ? Ise |
Tachi-nuwanu kinu kishi hito mo nani mono wo nani yama-hime no nuno sarasuran |
En ce monde est-il rien de permanent ? Voici Asukagawa : hier, lit profond ; aujourd'hui, filet guéable ! Anonyme |
Yo no naka wa nani ka tsune naru asukagawa kinô no fuchi zo kyô wa se ni naru |
Voyez-vous c'est si triste d'être l'herbe flottante aux racines coupées qu'au premier courant qui m'invite je n'ai qu'à m'abandonner Ono no Komachi |
Wabinureba mi wo uki-gusa no ne wo taete sasou mizu araba inan to zo omou |
Ce bas monde Est-il rêve ou réalité ? Réalité ou rêve Je ne saurais dire, car Il existe sans exister Anonyme |
Yo no naka ha Yume ka utsutsu ka Utsutsu tomo Yume tomo shirazu Arite nakereba |
En quel lieu pourrai-je renoncer au monde ? sans trêve mon coeur par landes et monts poursuit son errance Moine Sosei |
Izuku ni ka yo wo ba itowan kokoro koso no ni mo yama ni mo madouberanare |
Celui qui, rejetant le monde, entre dans la montagne et dans la montagne ressent encore du dégoût où donc pourrait-il aller ? Ôshikôchi no Mitsune |
Yo wo sutete yama ni iru hito yama nite mo nao uki toki wa izuchi yukuran |
Sur qui s'attarde en ce monde paroles d'autrui croissent touffues : et une tristesse est à chaque noeud du bambou où le rossignol vient gémir ! Anonyme |
Yo ni fureba koto no ha shigeki kure-take no uki fushi goto ni uguisu zo naku |
Si d'aventure quelqu'un Vous demande de mes nouvelles Dites : "Dans la baie de Suma il se morfond en Versant des larmes sumâtres" Ariwara no Yukihira |
Wakuraba ni tofu hito araba suma no ura ni moshiho taretsusu wabu to kotaheyo |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Là-haut, tout là-haut dans la lune est sa demeure - que faire sinon confier mon sort à cet astre, soumise à sa seule clarté ? Ise |
Hisakata no naka ni oitaru sato nareba hikari wo nomi zo tanomuberanaru |
Cà ! voici l'endroit où je veux couler mes jours : en Sugawara le hameau de Fushimi, désolé qu'il est, j'y tiens Anonyme |
Iza koko ni waga yo wa henan sugawara ya fushimi no sato no aremaku mo oshi |
Ma chaumière à moi est au pied du Mont Miwa si vous le voulez venez m'y voir : c'est la porte où il y a des cèdes ! Anonyme |
Waga io wa Miwa no yama-moto koishikuba toburai-kimase sugi tateru kado |
Ma chaumière à moi est au sud-est de la capitale à l'aise j'y demeure et l'on dit qu'à Ujiyama se retirent les gens lassés du monde ! Anonyme |
Waga io wa miyako no tatsu-mi shika zo sumu yo wo ujiama to hito wa yû nari |
Ce ne sont les fonds de l'Asuka mais voyez : même ma maison s'en va en liquidités, et que son cours est rapide ! Ise |
Asukagawa fuchi ni mo aranu waga yado mo se ni kawari-yuku mono ni zo arikeru |
Torrent de montage j'entends son cours impétueux comme du Palais la rumeur me parvient... Ah, je voudrais le voir encore ! Ise |
Yama-kawa no oto ni nomi kiku momoshiki wo mi wo haya nagara miru yoshi mo gana |
Emmi la lande d'automne se tient coquette la valériane... Allez vain bruit que tout cela : la fleur aussi ne dure qu'un temps ! Sôjô Henjô |
Aki no no ni namameki-tateru ominaeshi ana kashigamashi hana mo hito-toki |
Même le Vieux-Pont de Nagara, me dit-on, va être refait : désormais, pauvrette, à quoi pourrai-je me comparer ? Ise |
Naniwa naru nagara no hashi mo tsukuru nari ima wa waga mi wo nani ni tatoen |
Aimer quelqu'un c'est comme porter un fardeau sur le dos manbquer de palanche est bien désolant Anonyme |
Hito kouru koto wo omo-ni to nanai-mote au-go naki koso wabishikarikere |
A Mizuguki dans la maiso de la colline elle et moi avions dormi : et au matin la surprise de la gelée blanche ! Anonyme |
Mizuguki no oka no yakata ni imo to are to nete no asake no shimo no furi wamo |
Dans la montagne profonde tombe sans doute de la grêle car sur le mont tout proche les feuilles du jasmin étoilé de couleurs se sont teintés Anonyme |
Miyama ni ha arare furu rashi toyama naru masaki no kadzura iro-dzukinikeri |
( Recueil des joyaux d’or et d’autres poèmes, traduit et présenté par Michel Vieillard-Baron, Les Belles Lettres, Paris, 978-2-251-7225-2) |
Quand jusqu'à vous abandonner je pousserai l'infidélité sur Matsuyama de Sue les vagues passeront Anonyme |
Kimi wo okite adashi-gokoro wo waga motaba sue no Matsuyama nami mo koenan |
Le mont du Kai je voudrai le voir mais, sans coeur, s'interposent entre nous le Sayo no Nakayama Anonyme |
Kai ga ne wo saya ni mo mishi ga kekere naku yokobori-fuseru saya no Nakayama |