Nos souffles dansants font le paysage flou givre sur nos cils au portail grinçant toujours esquisse du premier baiser Ligne bleue des crêtes la neige tombe des branches pas le moindre bruit nous sommes là pourtant nos ombres s’allongent Sur la balustrade si tôt les rosiers taillés retour des oiseaux dans le soleil au couchant du vieux sac à dos nulle ombre ***
Cette lourde natte nouée d’un ruban le soir l’aube la dénoue les
mots qu’on ne saurait dire s’ils m’échappaient n’y crois pas
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Ignorant la lune indifférent à l’almanach mon bananier ourle de ce côté-ci du monde sa première feuille
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Maudits saints de glace il neige des plumes d’anges semailles perdues sur le dos du campagnol ondule la lune rousse
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1. Ce recueil est un petit bijou laissé aux pieds
des Pyrénées Page après page j’ai découvertsous les “Paillages d’hiver“ des joies, des ruptures
des instants inscrits dans le temps et le paysage. Des moments empreints de poésie toute en lumière. Son
écriture nuancée, sensible, musicale est comparable à une aquarelle où des
couleurs se rencontrent sans se chercher. Il m’est difficile de mettre en exergue un
poème : ils sont tous d’une grande beauté Je suis sensible à celui –ci qui
vient reconcilier les joies et les déceptions enfouies sous les paillis
Ce rai de
soleil
comme je le
contemple
matin
solitaire
toute la beauté du
monde traverse mesvieux volets…….
J'avais
déjà remarqué les tanka de Marie Verbiale dans la
revue et ils me touchaient particulièrement. Lorsqu'est sorti
son livre, je me suis précipité pour le commander.
Il
me semble que dans ce livre, Marie nous conduit, par petits cercles
concentriques, à une visite de son monde, en
commençant par la nature, par le jardin,
en s'approchant de plus en plus de son intimité, de la fin
d'un amour, de la solitude, tout cela teinté d'une certaine
nostalgie et d'une certaine mélancolie, sans jamais aller
jusqu'à la tristesse, que l'on ressent aussi pour la
nature, en automne, au début de l'hiver, à la fin de la
saison, la nostalgie de l'été, quand il faut
rentrer les plantes les plus fragiles et pailler celles qu'on ne peut
rentrer, les protéger pour qu'elles vivent encore, comme
après un amour fini (quel qu'en soit la raison) rentrer en
soi, se protèger, pour tenter de vivre
encore.
Amitiés.
Michel Betting.
Anne Pech de Laclause |