Avis de recherches sur le tanka
Mise à jour : 14 novembre 2020
Ici, vous trouverez les quelques thèmes de recherches sur le tanka pour lesquels vous pourriez contribuer par des articles.
Bien entendu, ces thèmes ne sont pas exhaustifs et toute proposition sera examinée en vue de publication dans la revue.
PROPOSER UN ARTICLE : editions.tanka@gmail.com
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Principes du tanka
Le tanka ou anciennement, le waka est
d’origine japonaise et "exprime les
sentiments les plus intenses avec une musicalité, une légèreté et une retenue
qui confèrent à ces poèmes une beauté lumineuse... Le peuple japonais est
unanime à l'admirer pour sa compassion, sa fraîcheur d'âme, ainsi que pour ses
qualités de simplicité et d'élégance." (quatrième de couverture de
"Sé-oto, le chant du gué" - anthologie de 53 waka de l'impératrice
Michiko du Japon, traduits par Tadao Takemoto avec la collaboration d'Olivier
Germain-Thomas). Pour le sens, nous nous référons à
Fujiwara no Teika (1162-1241) qui prônait la réintroduction du lyrisme dans la
poésie. Selon lui, « Sens et expression
seraient comme les deux ailes d’un oiseau. » De sorte qu’un des principes
forts du tanka réside dans la juxtaposition de deux éléments: d’une part, la
réalité du monde dans lequel nous vivons, attentifs à la nature, à travers la
vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher ; d’autre part, les sentiments que
cela nous inspire. Et nous trouvons là tout un
rapport à l’impressionnisme. Dans
son écriture du Japon ancien, il se compose en 5 fragments, écrits en 31
symboles on (ou more) disposés sur une seule ligne, avec une répartition des on en 5-7-5-7-7 pour les 5 fragments. Selon
Maxianne Berger, « Le poème,
empruntant une syntaxe sans grammaire obligatoire, se compose de fragments,
même disparates, d’images et de sentiments … »
Pour autant, la simple
juxtaposition d’éléments trop abondants, relevant
plus de l’inventaire et ne
faisant pas sens, ne constitue pas un tanka. Le troisième ou le
quatrième vers
peut fonctionner comme pivot, unissant, de façon elliptique, ce
qui précède à
ce qui suit. Le tout réussit à suggérer une
épiphanie de la nature humaine, à
synthétiser une vérité qu’on peut sentir
sans nécessairement la saisir. Le
distique du tanka apporte à la réalité
évoquée dans le tercet une dimension
d’universalité. Le tout réussit à
suggérer une émotion humaine, à synthétiser
une vérité qu’on peut sentir sans
nécessairement la saisir. » Il n’y a pas
de séparation entre ces fragments, ni entre les mots. La préoccupation majeure, est de créer un poème, par
des mots, leur agencement, leur authenticité du sentiment et leur rythme. Il
faut que le poème « fasse sens »,
comme le soulignait Teika. Nous
pensons également qu’il est nécessaire de créer un poème, issue de notre
culture francophone, laquelle était très proche des japonais, dans l’esprit impressionniste. De fait, l’usage de vers impairs, et notamment les 5 et 7
syllabes, n’est pas anodin. Cela participe de la musicalité, chère à Verlaine
et Mallarmé, tout comme aux poètes japonais, y compris contemporains, comme
Machi Tawara. Quelque
soit la culture, le tanka se doit de respecter les 5 vers non-rimés qui maintiennent
la musicalité tout en préservant la brièveté. Ainsi, écrire cinq vers de 31
syllabes ne suffit pas. La forme et le style ont leur importance, mais plus
encore le sens, comme le soulignait Teika. Écrire du tanka, c’est apprendre à
se servir des résonances, des allitérations ; c’est donner une « couleur » au
poème. Et
la modernisation du tanka, nous la devons notamment à une femme, Machi Tawara ;
pour elle, ce poème est lié à la vigueur de l’instant, en y insufflant une
sensibilité en phase avec la modernité urbaine. Elle a dit de sa poésie : « À
travers un rythme régulier, les mots
commencent à s’ébattre pleins de vie, à
répandre un éclat énigmatique. C’est ce
moment que j’aime. » Enfin,
pour écrire de bons tanka, il est essentiel de lire d’autres auteurs, anciens
ou contemporains, de sortir le poème de son cœur et de le lire à haute voix –
vous jugerez ainsi si sa musicalité est
susceptible de toucher les oreilles du lecteur. En outre, il convient de ne
rechercher ni l’emphase, ni la poétisation (le mot ou l’expression qui « fait beau »). Viser la plus grande simplicité dans le choix
des mots; seul leur agencement leur confèrera de la force .Plus la
simplicité est grande, plus on se rapproche de l’essentiel. Patrick
Simon Directeur
des Éditions et de la Revue du tanka francophone, en collaboration avec le
comité de sélection des tanka de la revue.
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