Extrait du recueil "Mots de l'entre-deux" de Martine Gonfalone-Modigliani et Patrick Simon

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Traces
 
 
Dans une lettre
entre les mots la trace
des secrets du cœur                                       MG
 
au dehors autre trace
une morsure du froid
 
Là, sur le papier
traces de ton passage
et sur la neige                                            PS
 
pattes d'oiseaux s'impriment
éphémères hiéroglyphes                                     MG
 
Dunes brûlantes
un vent écrit sa fureur
le bédouin la lit.                                         PS
 
chante un touareg dans l'attente
et le chameau rit sous cape                                MG
 
De loin en très loin
les mots viennent entre nous
vagues après vagues
 
sous le clavier la page
c’est un poème sans mot                                     PS
 
Cadeau sur bleu nuit
petit sourire de lune :
clin d'œil d'une amie.
 
soufflez - elle frémira
comme la peau sur le lait                                   MG
 

Malgré le soleil
et la douceur de l’hiver
qui semble bien court
 
que restera-t-il ici
dans le cœur de mes enfants ?                              PS
 
Ton petit lapin
a rejoint tes jeux d'enfance 
qui caresse l'oreille ?
  
je ne t’ai pas vue grandir
où est l'enfant dans la femme ?                           MG
 
Comme la neige
la trace de ces émois
pas d’éternité
 
l’enfant restera en moi
tout comme toi la femme                                    PS
 
La femme orpheline
exilée de sa toile
dépérissait
 
mais le plus noir nuage
a toujours sa frange d'or                                MG
 
La femme au chapeau
assise dans le couloir
lentement se voir
 
mais s’oublier tout autant
à titre de réflexion                                         PS
 
Dans le printemps neuf
palette verte et tendre
le charme fait la roue
 
et le cerisier en fleurs
promet des pendants d'oreilles                      MG
 
Fleurs de cerisier
souvenir immaculé
de mon enfance
 
à l’époque je grimpais
bien mieux que maintenant. Oh !                  PS
 
 
Oh ! Les jours d'orage
même au noir de l'escalier
les éclairs me frappaient
 
je la grignotais ma peur
au bout de mes doigts d'enfant                     MG
 
Au fond de mon lit
essayer de m’oublier
perdre la trace
 
lui dans la pénombre là
quand partira t-il enfin ?                                PS
 
Les soirs de grand vent
le voile du rideau claque
le lit lève l'ancre
 
nuit seras-tu moins noire
si mon lit est plein d'écume ?                         MG
 
Sentir un parfum
tenter de savoir de qui
il se dégage
 
amertume ou de désir
me diras-tu la lune ?                                      PS
 
Tu suis le chemin
parfumé de lilas blanc
la source t'attend
 
lis les signes de nos traces
à la surface de l'eau                                        MG
 
Un frémissement
et puis nous nous en irons
voguer ici là
 
dans une lettre tes mots
resteront entre nous deux                               PS

 

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